Nous vous engageons à consulter le(s) blog(s) Cactus perception ou Romainville Rouge … on ne peut pas dire que tout ce beau monde soit sport !
Et dire qu’ils ont depuis toujours administré la ville ensemble …
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A l’occasion de la célébration du 160ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage et de l’initiative du Collectif « Romainville-République » de se réunir ce mercredi 3 décembre, mettons à l’honneur sur ces pages une figure oubliée de ce combat mené par des homme épris de justice et de liberté.
Cyrille Charles Auguste Bissette est né à Fort-Royal (Fort de France), le 9 juillet 1795. Son père Charles Borromée Bissette un mulâtre originaire du Marin épouse en 1794 une métisse libre Elizabeth Bellaine, fille de Joseph Tasher de la Pagerie, de cette union naîtra six enfants dont Cyrille l'aîné deviendra le plus célèbre. Il est le demi-frère de Joséphine de Beauharnais.
Après avoir participé à la répression d’une révolte d’esclaves au Carbet en 1822, il opère un revirement en se battant par la suite farouchement contre l'esclavage dans ses écrits et discours.
Au début du mois de décembre 1823 circule à la Martinique un opuscule intitulé « De la situation des gens de couleur libres auxAntilles Françaises » écrit par Cyrille Bissette. L'objet de cette brochure est de dénoncer le système esclavagiste en exposant en détail les injustices dont sont victimes les esclaves. Outre l'obtention des droits civiques pour les Noirs libres des colonies antillaises, elle propose notamment le rachat progressif des esclaves, des écoles gratuites en faveur des nouveaux affranchis et la suppression des châtiments corporels à l'égard des esclaves.
Bissette est dénoncé aux autorités coloniales : sa maison est assaillie et la police y découvre plusieurs pétitions demandant l’abolition de l’esclavage. On l’arrête, après plusieurs procédures devant les tribunaux, il est interdit de séjour pendant dix ans à La Martinique. De plus, alors que la décision prise en première instance le condamnant à être marqué au fer rouge n’est pas encore définitive, on exécute le jugement : il est marqué au fer rouge et exposé sur place publique.
Quelques mois après l'application du décret d’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848, Bissette se présente aux élections législatives d'août. Il est élu député. Mais l'Assemblée nationale constituante invalide son élection pour cause d'incapacité personnelle, parce qu'il avait été condamné pour faillite. Pourtant, le 11 avril 1849, le Tribunal de Commerce de la Seine déclare nul et non avenu le jugement qui l'avait condamné en faillite, ce qui lui permet de briguer un nouveau mandat de député lors des législatives suivantes.
À partir de 1849, Bissette cesse de pourfendre la ploutocratie béké. Il se prononce pour la fusion des différentes composantes ethniques des Antilles, dont il est lui-même issu, et pour l'oubli du passé. Au mois de mars 1849, revenant de l'exil et de la guerre, il est accueilli à Saint-Pierre par une foule en liesse. Dans son discours il déclare : « Consentons donc à un mutuel oubli du passé et jetons loin de nous nos funestes divisions, nos préjugés d'un temps qui n'est plus, les vieilles récriminations qui ne font jamais l'affaire des partis et bien moins encore le bonheur du pays qui doit dominer et faire taire toutes les passions ».
Une alliance est conclue entre Bissette et le béké Auguste Pécoul en vue des élections législatives de juin. Les résultats consacrent l'écrasante victoire du tandem Bissette-Pécoul qui obtiennent respectivement 16 327 voix et 13 482 voix Victor Schoelcher est battu et ne recueille que 3 617 voix.
L'association de Bissette et de Pécoul provoque la colère et l'indignation des gens de couleur libres qui accusent Bissette d'avoir trahi sa race et de s'être vendu aux blancs. Bissette fera l'objet d'une campagne de haine et de dénigrement de la part de la bourgeoisie mulâtre et plus particulièrement des partisans de Victor Schoelcher. Par contre, si l'on en croit sa popularité, le peuple continuait à lui faire confiance. Elu le 3 juin 1849, il occupe son siège jusqu'au 2 décembre 1851.
La rivalité entre Bissette et Schoelcher commence véritablement après la parution du livre de Schoelcher intitulé Des Colonies Françaises que Bissette avait sévèrement critiqué.
Jusqu'au coup d'État de décembre 1851, la lutte entre les partisans de Bissette et de Schoelcher est une constante du débat politique martiniquais. Après l'élection à la députation de Bissette les deux hommes s'affrontèrent encore plus violemment, soutenus chacun par des organes de presse. Bissette se sert du Courrier de la Martinique et Schoelcher et ses alliés du journal La Liberté dans lesquelles ils échangent réciproquement insultes et injures.
À partir de 1852, Bissette entame sa retraite sur le plan politique et l'antagonisme entre le Bissetisme et le Schoelchérisme s'estompe. De cette rivalité entre les deux abolitionnistes, c'est Victor Schoelcher en fin de compte qui sortira gagnant, car c'est à lui qu'on attribua l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises des Antilles.
« C’est dans l’évangile que j’ai appris à détester l’esclavage ; c’est là aussi que j’ai appris à pardonner , non pas par générosité seulement,non pas par faiblesse mais par devoir, et pour etre fidele à ce dogme de liberté, de l’égalité et de la fraternité qui est la devise de la République francaise. » déclarait Bissette à ces compatriotes en mars 1948.