François Bayrou, président du MoDem, a appelé mercredi sur LCP à "faire
barrage" au Front national au second tour des élections régionales,
estimant que les idées qu'il porte sont "des poisons mortels".
Extrait (...)
Avant la présidentielle, il y a
les régionales. Qu’est-ce que vous pensez qu’il faut faire au soir du
premier tour ? Est-ce qu’il faut faire le front républicain ? Tous
contre le FN, le désistement républicain ? Éventuellement des fusions de
liste ? Quelle est, vous, votre stratégie ?
Je pense qu’il faut identifier quel est
le risque. Je ne parle pas des régions, je ne parle pas d’une élection
intermédiaire, mais si je regarde les années qui viennent ou les
décennies qui viennent, alors ce que le Front national porte comme idées
et comme solutions pour le pays, je considère que ce sont des poisons
mortels. Cela ne veut pas dire que ces quelques six millions de
Français ou cinq millions de Français – je ne sais pas combien ils sont
– sont en eux-mêmes mortifères, ce n’est pas cela l’idée. Mais que l’on
entraine toutes ces femmes et tous ces hommes à croire que la solution
de sortir de l’Europe, de sortir de l’euro, de fermer le pays est une
solution pour l’avenir, alors cela c’est mortel.
Alors qu’est-ce que l’on fait ?
De ce point de vue, si l’on identifie un
risque mortel, alors on s’engage. Et il revient aux responsables des
différents courants du pays de dire que, au second tour, il faut voter
pour celui qui pourra faire barrage au Front national, à condition que…
Donc vous êtes pour le front républicain.
Je ne sais pas si cela s’appelle le
front républicain, ce sont des mots que les journalistes, les
politologues ont inventés. Je suis pour qu’il y ait une prise de
conscience et un engagement de tous ceux qui agissent en Français
démocrates et républicains, et qui surtout partagent une certaine idée
de l’avenir d’un pays qui ne se ferme pas et dans lequel on ne véhicule
pas ces obsessions qui sont les obsessions, vous savez, sur le thème de
l’origine, de la religion et de toutes ces choses. Parce que ces
obsessions sont mortelles ! Je suis profondément amoureux de la France,
je suis amoureux de sa langue, je suis amoureux de son histoire, c’est
une partie de moi et je ne veux pas voir la France en arriver à ces
déchirements intérieurs. Cette obsession de l’affrontement « D’où
viens-tu ? On va te renvoyer chez toi », ou bien « De quelle religion
es-tu ? Cette religion nous menace » ; toutes ces choses-là je les
connais très bien, j’ai écrit trois livres sur les guerres de religion
en France, je sais très bien où cela commence et comment cela finit. Je
n’ai pas envie de voir mon pays être emporté dans cette vague-là, même
si c’est sur un fond de désespoir et je vois très bien de quel désespoir
il s’agit.