Le président du Modem sort aujourd'hui son diagnostic sur la situation de la France dans son livre « 2012. Etat d'urgence ». L'occasion d'occuper le terrain médiatique en vue de la présidentielle. Une manière, surtout, de réaffirmer sa crédibilité.
Le présent lui donne raison. François Bayrou le répète à l'envi. Le patron du Modem, favorable à la « règle d'or » voulue par le chef de l'Etat, avait axé sa campagne de 2007 sur la dette publique. La crise actuelle vient à point nommé pour permettre au centriste de faire à nouveau valoir cette crédibilité qui l'avait consacré « troisième homme » de la dernière présidentielle. L'inquiétude conjoncturelle vient donc conforter son diagnostic sévère sur la situation du pays, développé dans « 2012. Etat d'urgence »(*), son livre à paraître aujourd'hui.
Avant l'été, le centriste s'était imposé une cure d'austérité médiatique, préférant laisser le périmètre du champ présidentiel se dessiner. Mis à mal par la volonté affichée de Jean-Louis Borloo d'entrer dans cette « danse du centre » qu'il dénonçait en mai dernier, François Bayrou a finalement pris les devants en cette prérentrée politique, sortant le premier son opus de campagne, achevé fin juillet, tout en multipliant les tribunes médiatiques.
Son dernier livre, pamphlet anti-Sarkozy, avait été l'essai politique le plus vendu de 2009. Prompt à rassembler le centre dans son acception la plus large, le leader du Modem a rangé sa plume de polémiste. Délaissant ses attaques ad hominem, il se recentre encore davantage, conscient des nouveaux enjeux que la crise financière européenne peut faire peser sur la présidentielle. Confiant, malgré son retard dans les sondages. « Ce qui le rend serein, c'est cette cohérence que les gens lui renvoient sur le terrain », estime Marc Fesneau, secrétaire général du parti.
Erigeant en modèle l'Allemagne exportatrice, François Bayrou reprend ses thèmes fétiches, comme la nécessaire reprise d'une production nationale, l'importance d'une relocalisation de l'économie sans céder au protectionnisme, « une tentation impossible », explique-t-il. « C'est dans la mondialisation que nous devons gagner la bataille, pas contre la mondialisation », plaide le chef du Mouvement démocrate, égrenant ses antidotes à la crise. Et l'ancien ministre de l'Education, une fois encore, de mettre l'accent sur ce domaine. Déplorant dans « Le Figaro » que la France soit « descendue au-delà du vingtième rang des pays développés », il veut en faire sa priorité, souhaitant arrêter le cycle de « réformes » stériles que chaque ministre à chaque saison politique porte « en bandoulière », selon ses mots.
« Moins colérique, moins en bataille perpétuelle » -comme il le concède à « L'Express » -, le président du Modem, qui a fait un pas vers sa candidature pour 2012 hier soir sur TF1, en déclarant lui « faudra » l'être « parce que c'est l'heure de vérité pour le pays », veut incarner une hauteur, une éthique dans ce « désert moral » que traverse le pays. Celui qui ne déteste pas la personnalité de Martine Aubry ou concède à Nicolas Sarkozy d'être « moins dans le superficiel » dit dédaigner les guéguerres politiciennes. « Une présidentielle n'a rien à voir avec le parti, François Bayrou ne sera pas le candidat du Modem », confiait récemment son bras droit, Marielle de Sarnez.
Mais la nouvelle Alliance des centres portée par Jean-Louis Borloo risque fort de compliquer la donne. Même si sa fidèle alliée ne croit guère à la candidature du président des Radicaux. « Si l'un et l'autre sont dans un championnat d'ego, je prédis leur échec, le principe de réalité finira par s'imposer », avertit déjà le sénateur centriste Jean Arthuis. Mais l'heure est à la promotion éditoriale, personnelle, « en possible candidat des futures élections présidentielles », précise l'argumentaire du livre. Un pluriel qui devrait rappeler à tous les sceptiques que « les mauvais jours » de François Bayrou finiront. Peut-être. Comme la crise. « La France va s'en sortir », promet le Béarnais.
Les Echos - 18 aout 2011
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