10 janv. 2012

De l'opportunité d'une usine de méthanisation/compostage des ordures ménagères


L'usine que le SYCTOM souhaite construire à Romainville est destinée à transformer la partie fermentescible des ordure ménagères en biogaz et en compost. Elle est censée accueillir environ 350 000 tonnes de déchets par an. Selon le SYCTOM lui même, la part de fermentescible dans les ordures ménagères n'étant que de 30%, il est nécessaire de séparer au préalable à toute transformation la partie utilisable de l'autre. Pour ce faire une station de TMB (tri mecano biologique) est prévue.

Ces déchets sont actuellement enfouis dans des décharges. Le projet consistera donc à faire venir 350 000t de déchets, de trier et donc d'évacuer 250 000t non fermentescibles pour enfouissement, de récupérer un compost qui ne sera pas utilisable pour l'agriculture et de le diriger également vers un centre d'enfouissement, de filtrer le bio gaz pour en conserver le méthane, et valoriser ce méthane vraisemblablement en le réinjectant dans le réseau de GDF.

Là comme dans d'autre projet (la pompe à ordure par exemple), nous ne voyons pas de bilan énergétique global, c'est à dire incluant toutes les consommations y compris celles nécessaires à la fabrication et l'installation du complexe, car il est probable que ce bilan soit négatif.

La partie fermentescible des ordures ménagères se compose de papier et cartons, épluchures de légumes et aliments non consommés (restes et périmés). Ces ordures fermentescibles sont vouées à se réduire. D'une part , en ce qui concerne les papiers et cartons, ils sont mieux valorisés dans une filière spécialisée de recyclage, ils sont aussi à terme en régression, lutte contre le sur emballage oblige. Les épluchures sont également en diminution pour 2 raisons, la première est que de les produits épluchés industriellement remplacent de plus en plus les produits frais la seconde est que la mise en place de micro compostage (à domicile ou en très petites unités immeuble par immeuble) est favorisée par les communes et intercommunalités. Espérons à ce sujet que Est Ensemble va suivre le mouvement.

Quant aux restes non consommés, il est très important de mettre en place des programmes d'éducation afin de réduire ce gâchis de matières premières et d'énergie.

Au fur et à mesure que la quantité de matière utilisable diminuera, la séparation sera plus difficile et le résultat de plus en plus mauvais tant en terme de gaz produit qu'en terme de diminution de volume.

La méthanisation/compostage n'est vraiment un procédé intéressant que dans le cas de l'utilisation de déchets totalement fermentescibles, et ceux ci sont disponibles dans l'industrie de transformation des aliments, les services de restauration collective et les services entretien des espaces verts.

Évidemment ces entreprises ne s'adressent pas au SYCTOM pour les déchets (le OM signifiant ordures ménagères), mais la collectivité aurait intérêt à privilégier cette source plutôt que de dépenser des fortunes à des installations plus complexes et moins efficaces.

Rêvons d'un monde où les décisions seront prises en connaissance de cause, où, en ce qui concerne les dépenses publiques, les expressions "bilan énergétique", "retour sur investissement", "rentabilité" ne seront pas des gros mots.

François Delbosc

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