Le gouvernement a décidé mercredi de mettre immédiatement fin à l'avenir à un match, en cas de sifflets contre la Marseillaise, suite aux incidents la veille avant le match France-Tunisie, qui ont déclenché une tempête politique et l'intervention de Nicolas Sarkozy.
Le président de la République, qui a qualifié dans un communiqué ces "incidents" de "scandaleux", a convoqué à l'Elysée le président de la Fédération française de football (FFF) Jean-Pierre Escalettes.
A l'issue de cette réunion, la ministre des Sports Roselyne Bachelot a indiqué que tout match avant lequel la Marseillaise serait sifflée serait "immédiatement arrêté", les ministres présents quittant le stade et les matches amicaux avec le pays concerné suspendu.
Dénonçant "quelque chose d'absolument insupportable", M. Escalettes a assuré après la rencontre que "les joueurs ont été traumatisés". Il a toutefois relevé qu'annuler des matches avec des dizaines de milliers de spectateurs nécessiterait des "garanties sécuritaires". "Le président a dit: +l'Etat assumera+", a-t-il souligné.
Avant la rencontre de l'Elysée, le vice-président de la FFF Noël Le Graet avait estimé qu'annuler le match aurait été "une erreur".
La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a demandé mercredi au préfet de saisir la justice des délits "d'outrages à l'hymne national".
Dès mardi soir, l'UMP et le PS avaient vivement condamné les incidents au Stade de France, le Premier ministre François Fillon embrayant mercredi matin sur RTL en regrettant que le match n'ait pas été interrompu, jugeant le comportement des spectateurs "insultant pour la France" et pour les joueurs de l'équipe de France. Le secrétaire d'Etat aux sports Bernard Laporte était allé plus loin, avant la réunion à l'Elysée, recommandant de ne plus jouer de matches avec les ex-colonies ou protectorats français du Maghreb au Stade de France mais "chez eux, ou alors en province".
Des propos aussitôt qualifiés d'"inadmissibles" par le porte-parole du PS Julien Dray et qui ont relancé le débat sur les questions d'intégration des population issues de l'immigration, nombreuses en Seine-Saint-Denis, département où se trouve le stade. "Une fois qu'on a dit que c'était scandaleux on n'a rien réglé", a estimé Marie-George Buffet, la dirigeante du PCF préférant se concentrer sur ce qu'elle perçoit comme l'expression de gens en "souffrance" qui "ne se sentent pas bien chez nous". Razzy Hammadi, secrétaire national du PS, a déploré un incident "inacceptable (...) même si (...) les Français d'origine maghrébine sont trop souvent victimes de discrimination et de harcèlement policier".
Le MRAP a qualifié les incidents de ce type de "révélateurs alarmants d'une déchirure entre une partie de la population française issue de l'immigration maghrébine et la société française dans son ensemble".
A l'extrême-droite Jean-Marie Le Pen a sans surprise vu dans ces sifflets émanant de "foules originaires du Maghreb" (...) l'"échec" de "l'intégration de masses étrangères à notre culture". La Marseillaise avait été sifflée lors des rencontres amicales France-Algérie, en octobre 2001 et France-Maroc en novembre 2007.
Mais les sifflets peuvent aussi être franco-français. Ainsi, le 11 mai 2002, le président Jacques Chirac avait quitté momentanément la tribune officielle du Stade de France, la Marseillaise ayant été sifflée par une partie du public, notamment des Bastiais, avant le coup d'envoi de la finale de la Coupe de France de football Lorient-Bastia.
AFP
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