On reproche souvent au Mouvement Démocrate, nouvelle formation politique construite sur les bases de l’UDF, de ne pas avoir un positionnement politique clair et surtout de ne faire que reprendre les idées des autres partis. C’est la conséquence d’une communication simpliste sur le « ni-ni », à savoir ni de droite ni de gauche, mais s’inspirant de ces deux courants idéologiques voire faisant alliance avec l’un et l’autre comme lors des municipales 2008. Alors le MoDem est-il juste un « machin » politicien, comme disait de Gaulle, qui ne sert à rien d’autre qu’à bricoler des alliances pour obtenir un maximum de sièges ici ou là ? Ça n’est pas en tout cas ce qui a motivé jusqu’ici des dizaines de milliers de Français à adhérer au Mouvement Démocrate et des millions d’électeurs à lui faire confiance. Mais alors le MoDem, qu’est-ce que c’est ? Et surtout qu’est-ce qu’il propose ? Depuis plusieurs mois des adhérents démocrates ont participé à de nombreux débats sur Démocratie Directe, site consultatif créé en juillet 2007 avec l’approbation de François Bayrou. Voici les résultats à fin mars 2008 sur un échantillon de 350 adhérents.
Pour commencer nous allons nous intéresser à ces adhérents. Ils ont principalement entre 18 et 65 ans avec une répartition égale sur toutes les tranches d’âe, restent 5 % entre 66 et 75 ans et quelques jeunes pousses démocrates (1 % de moins de 18 ans). Sans surprise un quart habitent en Île-de-France, ensuite en Rhône-Alpes (12 %) puis Paca, Midi-Pyrénées, Bretagne, etc. Ils ont un niveau d’études élevé puisque la moitié ont plus de bac+3 et les deux tiers ont plus de bac+2. Ils occupent d’ailleurs en grande majorité des professions dites « intellectuelles », quant aux retraités et étudiants ils représentent 30 %. La moitié se déclarent d’un milieu d’origine moyen, les autres se répartissant entre milieu aisé et milieu favorisé (1 % très défavorisé). Enfin les hommes sont surreprésentés puisque les femmes ne représentent qu’un tiers des adhérents. Pour l’anecdote, la moitié n’a jamais fumé de cannabis de sa vie...
Concernant le fonctionnement interne du Mouvement Démocrate, 74 % des adhérents ne veulent plus du positionnement au centre, mais un positionnement « démocrate ». En cas d’absence d’un candidat MoDem dans une élection, 73 % souhaitent qu’il y ait un appel à voter quand même, 46 % préférant toutefois que le candidat MoDem recalé garde le secret sur son choix personnel. Les consignes de vote ne sont d’ailleurs souhaitées que par 5 % des adhérents... Et, si au 1er tour le candidat MoDem ne leur plaît pas, 28 % feraient un autre choix, 6 % ne voteraient pas et 12 % se décideraient au dernier moment, d’où l’importance des investitures. Un tiers pensent que les centristes de droite et le MoDem ne sont pas compatibles, un autre tiers gardent l’espoir et le dernier tiers restent très confiants, donnée importante pour l’avenir de certains ex-UDF au sein du mouvement. Un tiers s’opposent à l’existence d’un statut particulier des jeunes adhérents, les autres sont favorables pour diverses formules. A titre d’information,
Concernant les orientations thématiques, ils sont partagés à moitié entre plus de vidéosurveillance et l’autre moitié souhaitant qu’il y en ait autant voire moins qu’aujourd’hui. Sur un retour du port de l’uniforme à l’école ils sont également partagés à 50/50. Un tiers s’opposent aux urnes électroniques et les autres demandent plus de garanties. Ils sont majoritairement contre la suppression de la publicité sur les chaînes publiques de télévision, notamment par crainte d’une trop grande dépendance à l’égard du pouvoir en place et d’une augmentation des prélèvements. 27 % sont pour la dépénalisation du cannabis et 20 % pour une légalisation. 47 % veulent faire évoluer la réglementation en matière d’alcoolémie au volant, notamment en faveur d’une sanction graduelle, mais 43 % de veulent rien changer. 69 % sont pour une égalité de statuts entre l’union de couples hétérosexuels et homosexuels et 69 % également sont favorables à l’adoption par des couples homosexuels, dont 44 % pour l’adoption plénière. Par ailleurs 65 % sont favorables à ce qu’un homme puisse porter le nom de famille de son épouse. En matière de sanctions judiciaires, ils sont favorables à la réparation par le travail plutôt qu’à l’emprisonnement. Les adhérents sont partagés sur le caractère démocratique de notre système politique actuel, mais souhaitent quasiment tous l’améliorer. Ils auraient d’ailleurs souhaité à 80 % un référendum sur le nouveau traité européen. Plus globalement, au sujet de la gestion de l’Etat, 64 % sont pour un cloisonnement des budgets. Seuls 15 % s’opposent à la création d’un organisme de contrôle du service public en remplacement de la Cour des comptes. En matière d’éducation, 64 % sont favorables à la diffusion en classe de films « undergrounds » pour traiter de problèmes touchant les adolescents. Ils sont 59 % à ne pas souhaiter remettre en question les contrats de l’Etat avec les écoles privées confessionnelles et aux deux tiers favorables à une extension de la loi handicap à l’école. Ils sont pour un assouplissement de la carte scolaire tout en souhaitant l’accès à l’école publique ou privée la plus proche du domicile de l’élève. Seulement 36 % sont favorables à la gratuité des cantines scolaires, mais 51 % souhaiteraient une tarification dégressive en fonction du revenu des parents. Enfin 45 % veulent l’extension du Numerus Clausus à toutes les filières universitaires alors que 29 % souhaitent la suppression du Numerus Clausus. Concernant un sujet d’actualité, l’euthanasie, 73 % y sont favorables dont 29 % y compris pour les souffrances psychologiques. Sur l’IVG, 40 % veulent supprimer la clause de conscience alors que 46 % s’y opposent. 46 % sont pour un système de retraite par point contre 42 % qui y sont opposés. 58 % des sondés souhaitent que le maintien de l’inscription des RMIstes sur la liste des demandeurs d’emploi soit obligatoire, 27 % ne le souhaitent pas. Au sujet des deux emplois sans charges, proposition-phare du projet présidentiel de Bayrou, 51 % n’y voient que des avantages, 38 % y voient quelques risques et 8 % y voient même autant de risques que d’avantages. Pour l’élection présidentielle justement, seuls 21 % souhaitent conserver le mode de scrutin actuel alors que 34 % souhaitent le même mode de scrutin qu’aux législatives. Enfin pour rester dans le domaine électoral, 84 % sont pour une reconnaissance du vote blanc à toutes les élections. 62 % pensent qu’on peut à la fois continuer à développer notre économie et préserver l’environnement, mais 26 % donnent la priorité à l’écologie. 27 % trouvent l’idée d’un compte épargne fiscal très intéressante et ils sont 65 % en tout à être prêt à essayer cette mesure. 48 % des sondés ne veulent rien changer à la législation en matière de travail le dimanche, mais 52 % attendent une évolution, globalement pour plus de liberté. Un système original de Revenu minimum de vieillesse emporte l’adhésion de 68 % des sondés. Concernant la sécurité, 56 % semblent favorables à une incitation financière significative et originale auprès des jeunes pour les aider à s’insérer. Au sujet de la création d’entreprise, 71 % trouvent très intéressante l’idée d’un réseau national de MCTE (Maisons de la création et transmission d’entreprise). Enfin 70 % trouvent très intéressante l’idée d’un indice social qui permettrait à chaque nouveau salarié de savoir dans quel genre d’entreprise il s’engage.
Voilà, on voit qu’il y a des points de convergence forts et des questions beaucoup plus partagées. Bien sûr, il conviendrait de vérifier toutes ces tendances par une consultation beaucoup plus large, auprès d’un échantillon représentatif d’au moins 1 000 adhérents, par exemple, mais c’est déjà un début. Et puis il y aura probablement quelques lobbyistes ou contradicteurs compulsifs qui contesteront les résultats en considérant que les questions posées ou la conduite des débats ont pu orienter les résultats. Il n’en reste pas moins qu’au sein d’un mouvement démocratique, notamment en vue de la présidentielle et des législatives 2012 voire des européennes et régionales, les orientations programmatiques devront être débattues et consenties par au moins la majorité des adhérents. Les résultats électoraux diront ensuite si elles étaient partagées par les électeurs.
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