25 août 2008

Dans les coulisses de la gardienne des ondes


DANS son bureau de la tour TDF de Romainville, Michel Couanon, 47 ans, directeur de l’exploitation et support clients, surveille 24 h/24 le flux des ondes radio, télé, liaisons satellites sans lequel nos écrans seraient vides et nos radios muettes . Pour l’aider, il est accompagné d’une escouade de superviseurs vissés à leurs ordinateurs.

Avec celle de Lyon, l’unité nationale d’exploitation de Romainville, érigée en 1984 aux Lilas, est la principale gare de triage hexagonale de Télédiffusion de France. Le jour, on partage les rôles. La nuit, Romainville veille seule sur la totalité de la métropole mais aussi l’outre-mer. La tour capte les signaux des principales chaînes de télévision, TF 1, France 2, 3, 5, Canal, M 6 qu’elle propulse ensuite sur un bon millier d’émetteurs intermédiaires. Elle assure les commutations, les décrochages régionaux, veille sur la TNT, les radios FM mais aussi les ondes courtes. « On oublie souvent que des pays comme l’Afrique ou l’Asie sont arrosées par ces ondes », sourit l’ingénieur X Télécom qui géra en son temps le centre de diffusion des JO d’Albertville ou du Mondial 1998. Les messages de RFI entendus par Ingrid Betancourt au coeur de la jungle colombienne sont partis de Seine-Saint-Denis.

L’affichage des horaires en temps réel des bus parisiens transite par la tour

Entrée dans la silencieuse salle de supervision bardée d’écrans où sont scrutés les programmes des chaînes clientes. Qu’un problème survienne quelque part en France, et il est tracé, étape par étape.

L’ami et aussi l’ennemi, c’est le ciel. D’où un contact permanent avec les services météorologiques. « Un coup de vent peut dépointer un faisceau hertzien. Il faut aussi prévenir les zones orageuses », note Michel Couanon. Joël Oudart, cadre de suivi d’exploitation, se souvient de la tempête de 1999 où les « vents qui soufflaient à plus de 200 km/h ont décroché de grosses paraboles… » L’activité de TDF ne se limite pas aux télés et radios. C’est ici qu’est configuré à distance le réseau de téléphonie SFR (10 000 opérations par an) ou sont activés les codes RDS des autoradios. L’affichage des horaires en temps réel des bus parisiens transite par la tour. On prépare aussi le grand virage de 2011 avec la disparition de la radio analogique.

Dernier ascenseur. Porte blindée. 108 m. Une zone où l’on se trouve parfois « au-dessus des nuages ». La vertigineuse terrasse circulaire est piquée de dizaines d’antennes et paraboles, « gamelles » dans le jargon. Certaines sont gérées par le ministère de la Défense. « Je ne peux rien dire, sourit le chef du centre, sinon que les 13 et 14 juillet elles ont dû connaître une grande activité. » Si elle porte la parole loin dans le monde, la tour possède aussi à l’évidence de très grandes oreilles.

Le Parisien
25 aout 2008

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