30 juin 2008

De la dépendance énergétique

Le prix du baril de pétrole devrait avoisiner 200 dollars l’année prochaine nous promet-on.

Quelles différences dans les politiques publiques, quelle prise de conscience observons-nous ?

Pas grand chose, du colmatage, des compensations par-ci, des baisses d’impôts par-là mais rien de véritablement constructif pour l’avenir. L’avenir qui sera sans aucun doute inscrit sous l’ère de l’énergie chère.

En 1973 lors du premier choc pétrolier, qui était du, pour l’essentiel, à une entente des pays producteurs pour négocier ensemble une hausse de prix, partout à travers l’Europe on a mis en place des dispositifs « anti gaspi », encouragement aux économies, journées sans voiture, aide à l’isolation thermique, recherche de source d’énergies alternatives etc… Aujourd’hui, alors que les raisons ne sont plus conjoncturelles mais structurelles, que nous entrons dans une économie de pénurie énergétique, rien, aucune mesure, aucune campagne de communication, et surtout aucune véritable politique d’investissement.

Gouverner c’est prévoir disait le philosophe et bien nous bien mal gouvernés. Cette situation était annoncée depuis plus de trente ans (voir le rapport du club de Rome) et cependant rien n’a été fait. Lorsque l’on voit comment sont construits les immeubles de bureaux, les habitations, les lieux publics, avec l’hiver le chauffage et l’été la clim, on s’en rend bien compte !

A présent, il est urgent de réorienter les politiques publiques aussi bien nationales que locales. De donner la priorité des investissements vers la baisse des consommations énergétiques.

Au niveau local les villes doivent investir massivement dans l’amélioration des immeubles dont elles ont la charge, écoles, installations sportives, logements sociaux. Investir aujourd’hui pour moins dépenser demain.

Et notre ville ne doit pas s’exclure de cette volonté !

Il existe encore à Romainville des bâtiments communaux, les écoles en particulier sans double vitrage, avec des hauteurs sous plafond trop importantes, des systèmes de régulation inefficaces ou inexistants, dans les logements sociaux c’est la même chose, on voit souvent en plein hiver des fenêtres ouvertes car il fait trop chaud dans certains appartements et trop froid dans d’autres, c’est ce qui s‘appelle jeter l’argent par les fenêtres.

A l’heure ou les dépenses des familles augmentent, il est impératif de tout faire pour baisser les charges des locataires et les impôts des contribuables.

Arrêtons les investissements de prestige, les investissement inutiles et mettons le paquet pour réduire notre dépendance !

François DELBOSC

26 juin 2008

Les villes font un effort pour le logement social

La préfecture d'Ile-de-France va publier aujourd'hui les constats de carence. Ce document montre la liste des 181 communes qui avaient un objectif de logements sociaux à réaliser durant la période 2005-2007.
Ce document dresse la liste des communes qui n'ont pas atteint les objectifs de construction de logements sociaux qui leur avaient été fixés pour 2005-2007.

Sur 181 communes qui étaient visées par ces objectifs, soixante ne les ont pas respectés, soit 30%. «Cela va dans le bon sens. Les villes ont fourni des efforts», note la région Ile-de-France. L'objectif de la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain), dont découle le constat de carence, est d'amener à 2 % de logements sociaux d'ici à 2021 toutes les villes actuellement en dessous de ce taux. « Mais certaines communes, qui ont réalisé jusqu'à 5.000% de leur objectif [comme Montévrain en Seine-et-Marne, qui a construit 552 logements pour un objectif de dix] prouvent que l'on peut aller plus vite.» Le conseil régional propose de ramener à 2011 l'objectif de 20%.

Mais il reste encore pas mal de mauvais élèves. La ville de Lésigny (Seine-et-Marne) réalise même un objectif négatif : - 14,6%. Certaines communes emblématiques, comme Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) ou Le Raincy (Seine-Saint-Denis) restent dans le collimateur de la préfecture: la première n'a rempli que 48,8% de son objectif, la deuxième 26,7%. Pour elles, une pénalité sera appliquée, de l'ordre de 1.000 euros par logement non réalisé, majorée du pourcentage de logements manquants (73,3% pour Le Raincy, par exemple). La région demande que cette pénalité soit triplée.

Mickaël Bosredon - 20 Minutes, éditions du 26/06/2008

http://media.20minutes.fr/sru-synthese-bilan.pdf

Le moral des ménages est au plus bas depuis 1987

Le moral des ménages français a encore chuté de quatre points en juin atteignant son niveau le plus bas depuis 1987, a annoncé l'Insee jeudi.

En juin, tous les soldes composant l'indicateur résumé se replient, selon l'Institut de la statistique. La dégradation la plus forte concerne l'opinion des ménages sur les perspectives d'évolution du niveau de vie en France, qui perd 7 points à -57.

L'opinion sur l'évolution passée de leur niveau de vie se détériore également (passant de -75 à -78). En juin, les ménages sont également plus pessimistes sur l'évolution future de leur situation financière personnelle (-19 à -23). Leur opinion sur son évolution passée fléchit aussi (-33 à -35). Le solde sur l'opportunité de faire des achats importants recule également (-33 à -37).

En juin, l'opinion des ménages sur les perspectives d'évolution du chômage évolue peu.

Leur opinion sur l'opportunité d'épargner est en léger recul (21 à 20), tout comme celle sur leur capacité future à épargner. Les ménages sont plus pessimistes sur leur situation financière actuelle.

Enfin concernant les prix, les ménages sont aussi nombreux qu'en mai à trouver qu'ils ont fortement augmenté sur le passé. Leurs anticipations d'inflation pour les douze prochains mois se dégradent un peu.


AFP

18 juin 2008

La suppression de la carte scolaire renforcera les ghetto

LE MONDE | 17.06.08 |

Avec la suppression totale de la carte scolaire annoncée pour 2010, en faveur de laquelle Nicolas Sarkozy s'est engagé dès sa campagne présidentielle, la mixité à l'école pourrait bientôt ne plus être qu'un fantasme républicain. C'est l'avertissement que lancent les inspecteurs généraux de l'éducation nationale Jean-Pierre Obin et Christian Peyroux dans un rapport, que s'est procuré Le Monde, sur les premiers effets de l'assouplissement de la carte scolaire, interdit de publication depuis octobre 2007 par le ministère de Xavier Darcos. Le système qui, depuis 1963, fait dépendre le choix de l'école du lieu de domicile des familles, était critiqué pour sa rigidité. Sa suppression contient des dangers plus grands encore, selon les deux inspecteurs généraux.

Leur état des lieux, intitulé "Les nouvelles dispositions de la carte scolaire", établi entre juin et septembre 2007 et qui a porté sur 34 départements "pour la plupart à dominante urbaine", dresse le constat inquiétant d'une accentuation de la baisse de mixité scolaire. Il souligne aussi un renforcement des logiques de concentration ethnique.

Trois semaines avant la fin de l'année scolaire 2006-2007, le chantier des inscriptions a été rouvert par le président Sarkozy. Sept critères donnant droit à une dérogation ont été introduits. Sont devenus prioritaires les élèves souffrant d'un handicap, les boursiers au mérite et sur critères sociaux, et ceux nécessitant une prise en charge médicale.

La rapidité de mise en oeuvre des réformes explique "certaines insuffisances", reconnaît le rapport. Elle rend difficiles "les extrapolations pour les années 2008 et 2009". Mais cette première étape demeure "riche d'enseignements", indique le document.

Pour MM. Obin et Peyroux, le principal effet de l'assouplissement de la carte scolaire a été de dégrader davantage la mixité scolaire, "accélérant les processus sociaux déjà à l'oeuvre depuis des années". Les établissements déjà délaissés sont les plus touchés par cette érosion. Même si seulement 13 500 demandes supplémentaires de dérogation ont été enregistrées, les effets sont sensibles.

"Dans la plupart des départements visités, la question de la survie de certains collèges est ouvertement posée, indique le rapport. C'est aux deux extrémités de la hiérarchie des établissements que la mixité sociale est mise le plus rudement à l'épreuve : dans les établissements les plus convoités, il y a peu d'élèves de condition modeste ; dans les collèges les plus évités, ce sont les catégories favorisées qui ont disparu."

La création d'options ou de filières d'excellence dans les quartiers sensibles, ou les labels ZEP et "ambition réussite", n'y changent rien : "Non pas qu'il faille se contenter d'une offre médiocre dans ces collèges (...), mais jamais ces initiatives ne permettent de faire revenir les populations des classes moyennes qui ont déserté un établissement."

Pour les inspecteurs généraux, concilier une plus grande liberté des familles et une plus grande mixité des établissements est néanmoins "possible". Mais la voie est "étroite", préviennent-ils, et ne pourra être suivie qu'à certaines conditions. Pour l'avenir, MM. Obin et Peyroux suggèrent donc quelques correctifs.

La principale clé repose sans doute sur la rectification du problème des élèves boursiers. Parmi les demandes de dérogations, ils apparaissent en effet "peu nombreux et mal traités", avec un taux de dérogation accordé "très variable selon les départements". En l'absence de directives ministérielles et pour des raisons techniques, peu d'inspections académiques ont décidé de modifier la gestion informatisée de leurs affectations, notamment à l'entrée en seconde.

"L'objectif d'amélioration de la diversité sociale n'a en général pas été l'objet d'une attention prioritaire", regrettent les inspecteurs généraux, et c'est toujours la logique des bonnes notes des élèves qui prime, et relègue en bons derniers les critères sociaux dans le traitement des dossiers. D'où l'impératif, selon eux, de consignes claires en la matière aux responsables académiques et aux chefs d'établissement.

Favorables à un système qui ne serait pas totalement dérégulé, Jean-Pierre Obin et Christian Peyroux affichent également leur attachement au maintien par les familles d'un "droit d'affectation dans l'établissement le plus proche du domicile" et à une régulation toujours "assurée par l'Etat" plutôt que par les chefs d'établissement ou les parents eux-mêmes. Ces pistes trouveraient un écho plutôt favorable au ministère de l'éducation nationale.

Pour motiver les collèges et lycées à rester dans une dynamique de mixité, ils suggèrent en outre l'introduction d'un "indicateur" de suivi de la mixité sociale, qui permettrait de récompenser les établissements les plus vertueux par une "dotation supplémentaire". La fermeture des établissements "ghettos", "si le quartier est dangereux et le collège déjà bien vide", à l'image de certains établissements déjà identifiés sur le pourtour méditerranéen ainsi qu'à Lyon ou à Grenoble, pourrait être par ailleurs une solution "positive".

Ainsi, face aux "inquiétudes manifestes" que suscite la suppression de la carte scolaire, il reste encore au gouvernement à offrir des réponses, estiment les rapporteurs. Et à ne pas perdre de vue un objectif : que "l'émulation entre établissements qui se profile à l'horizon de 2010 débouche sur une amélioration d'ensemble en termes de réussite scolaire, et non sur une concurrence stérile et coûteuse".

16 juin 2008

Election des représentants des adhérents à la caisse des écoles


Nous publions ci-après un texte du blog Romainville perception relatif à l'élection du conseil d'administration de la caisse des écoles et assurons à cette occasion les rédacteurs du dit blog que nous serons toujours avec et aux cotés de tous ceux qui se mobilisent pour la réussite éducative de nos enfants.



Pour mémoire, la caisse des écoles est un établissement public local, dont le conseil d’administration est composé de délégués du conseil municipal et de représentants élus des adhérents.
Chacun des adhérents peut être candidat et élu s’il obtient les voix nécessaires (sauf logiquement les agents communaux puisqu’il s’agit d’une structure liée à la ville)

Hier donc, élection lors de l’assemblée générale.
1er constat : La municipalité PS/Divers gauche avait largement mobilisé – il n’y avait qu’à écouter les noms des votants - et les candidats qu’officieusement elle soutenait, ont été, largement élus.
2eme constat : de ce fait, deux sortants ont été battus, et pas pour leur manque d’implication, car personne ne nie qu’ils ont été à la fois présents et motivés. L’un l’a été, car membre de la liste aux municipales, du comité citoyen, pour l’autre nous n’en connaissons pas les véritables raisons
3eme constat : le comité citoyen avait lui aussi mobilisé, mais il faut dire que nombre de ses membres sont déjà très impliqués dans RESF et/ou la FCPE
4eme constat : en revanche, le PC -pourtant force politique principale de la ville- n’était pas très présent.
5eme constat : les candidats indépendants -dont le nôtre -n’ont eu que leurs yeux pour pleurer tant étaient faibles leurs chances d’être élus :-)

Avant cette élection, Mme Van de Poele a dressé un bilan de ce qui avait été réalisé et à présenté certaines perspectives à venir.
Nous regrettons vraiment que ces perspectives aient été faites a minima :
- Pas de délai pour la rénovation du centre de loisirs Aubin (pourtant déjà prévue l’an dernier)
- Rien sur Pelvoux, qui a un grand besoin également d’être rénové
- Rien en matière de réflexion, sur le temps méridien ; quid des ateliers en maternelle quid de 2h au lieu d’1h30 (nous sommes une des rares villes à se limiter à 1h30. Doit on passer à 2h de temps méridien, afin que les enfants puissent aussi bénéficier d’un double service dans la tranquillité ? A moins que cette demie heure supplémentaire soit contre productive par rapport au rythme quotidien d’apprentissage ? Cela méritait pour le moins un réel débat.
-Mais surtout, rien ou presque, sur l’ensemble du Projet de Réussite Educative PRE, mis à part les « opérations coups de pouces » qui concernent 25 enfants. Rien, à part évoquer que l’on travaille depuis plusieurs mois sur une charte de confidentialité ; et dans ce cas je me limiterai à donner le lien du site réussite-educative.net, où l’on pourra déjà trouver 5 modèles…nous gagnerons du temps http://www.reussite-educative.net/article.php3?id_article=63

Or ce PRE vise officiellement les enfants en grande difficulté scolaire, mais peut aussi concerner le grand nombre d’enfants qui, sans être en grande difficulté, ont un niveau faible risquant de les mettre en péril dès le collège ou après.
La ville a touché 150 000 Euros en 2007, va en toucher 500 000 en 2008, et compte tenu du niveau scolaire moyen de la commune, il y a urgence à développer une vraie politique en la matière (nous avons fait des propositions à ce sujet).
En outre, si la ville a fait un effort en mixant étude et accueil du soir, que peut-on proposer aux enfants quittant à 16H30… ?
Bref c’était, en terme de projets, vraiment trop peu pour notre compte.

Dans notre esprit, il ne s’agit pas, en disant cela, de mettre en cause de façon individuelle, l’élue de secteur, qui fait ce qu’elle peut, mais qui fait partie d’une équipe municipale.
A ce titre, l’absence hier des principaux élus de la majorité- même si c’est un hasard,-avait quand même quelque chose de symbolique, au regard de la présence régulière de ces mêmes personnes , aux inaugurations de voiries.
Ni le Maire, Ni le 1er Adjoint, Ni J Champion. Ce n’est pas faire injure aux 3 élus présents (Mlle Gasri, Mme Phojo, M. Calsat) que de dire qu’ils n’ont pas le même poids politique.
Alors certes, il y a les ateliers urbains, mais ils n’ont aucun pouvoir décisionnaire, et ne se réunissent qu’une fois tous les 2 mois. A 100 on peut, certes valider des propositions déjà construites, poser de grands principes, s’informer, mais non pas aller vers une conception détaillée de politiques publiques.

C’est pourquoi, nous proposons la création d’une « commission enseignement » se réunissant très régulièrement, pratiquant des audits auprès de professionnels (psychologues, pédagogues, biologistes, éducateurs, services municipaux…), et travaillant sur un projet éducatif local.

Cette commission- pour éviter son appropriation par tel ou tel groupe- pourrait être composée de 4 parents FCPE, 4 enseignants SNUIPP, d’un représentant des partis politiques constitués PS PC UMP MODEM, Verts, Comité Citoyens, MGC et d’un modérateur issu de ce blog.

Elle devrait se donner une charte de déontologie, qui par exemple prévoirait, non pas d’oublier les reproches que l’on peut faire à telle ou telle politique locale ou nationale, mais de les laisser de côté, pour construire ce qui n’existe pas encore dans la réalité.
Cette charte pourrait prévoir également que les comptes rendus avant d’être transmis au public, soient au préalable approuvés à l’unanimité, afin d’être le vrai reflet des discussions, des propositions même si celles-ci elles sont diverses voire contradictoires.

Nous allons écrire en ce sens aux partis politiques locaux.

13 juin 2008

Les tribunaux sous pression du religieux, par Caroline Fourest

LE MONDE | 05.06.08 |

Faut-il voir le jugement du tribunal de grande instance de Lille comme une concession au "différentialisme" culturel ? Selon l'article 180 du code civil, un mariage peut être annulé si l'un des conjoints estime avoir été induit en erreur sur une "qualité essentielle". La juge de Lille n'a pas estimé que la "virginité" était une qualité en soi, mais une qualité "essentielle". C'est au nom du droit à une certaine subjectivité dans ce domaine, et non du respect des cultures, que le procureur a accepté de défaire union si mal engagée.

Il ne s'agit pas à proprement parler d'un "accommodement raisonnable" tel qu'on l'entend au Québec ni même d'une concession claire au relativisme culturel comme on peut le redouter en Grande-Bretagne ou en Allemagne. A Francfort, le 12 janvier 2007, une juge a refusé d'accorder le divorce à une Allemande d'origine marocaine battue par son mari, marocain, sous un prétexte autrement plus ambigu. Le Coran autorisant un mari à battre sa femme, elle a estimé que "l'exercice du droit au châtiment (par le mari)" ne permettait pas "d'invoquer une rudesse excessive" prévue par l'article 1565 du code civil allemand. Les Allemandes ayant épousé des musulmans seraient donc moins égales que les autres, puisqu'elles doivent accepter de se faire tabasser au nom de la religion. La juge a été dépossédée du dossier litigieux pour suspicion de partialité...

La France est-elle à l'abri de tels dérapages ? En 2005, déjà, à Lille, le tribunal a empêché l'incinération du corps d'un Français d'origine algérienne au motif qu'il était de culture musulmane et devait donc être enterré selon le rite musulman, dans un carré musulman. La demande émanait de sa seconde épouse, pourtant séparée de corps. Elle s'opposait à la volonté des enfants du premier mariage, et du défunt athée qui avait explicitement demandé à être incinéré. C'était compter sans l'intervention de la Ligue islamique du Nord d'Amar Lasfar, membre de l'Union des organisations islamiques de France - UOIF - et du Conseil français du culte musulman. Ce dernier a expliqué que "seule une autorité judiciaire musulmane dans un pays musulman doit définir et vérifier les causes de l'apostasie d'une personne". Le tribunal a ordonné l'inhumation, conformément au souhait religieux de la seconde épouse. Incidemment, cette dernière était défendue par le même avocat que le mari souhaitant faire annuler son mariage pour "non-virginité".

La tentation de céder au relativisme culturel est d'autant plus inquiétante que les instances communautaires religieuses de France sont plus que jamais aux mains des religieux réactionnaires. Jadis respectée pour son respect de la laïcité, la Fédération protestante de France se raidit sous la pression de ses nouveaux adhérents, évangéliques exaltés ou adventistes. Ceux-là réclament plus de souplesse entre la loi de 1901 et celle de 1905.

Le Consistoire, créé par Napoléon, ne représente guère plus que les orthodoxes. Le grand rabbin Joseph Sitruk règne sur cette instance depuis vingt et un ans au prix d'une régression générale de la mixité dans les synagogues. Dans la plupart d'entre elles, les femmes sont confinées dans des poulaillers, de plus en plus souvent fermés par un rideau, d'où elles peuvent à peine entrevoir la bar-mitsva de leur enfant. A quelques exceptions près, les tribunaux communautaires continuent de pratiquer le divorce unilatéral au détriment des femmes, qui ne peuvent obtenir le divorce religieux si leur mari s'y oppose. Les choses pourraient changer le 22 juin prochain grâce à l'élection de Gilles Bernheim, beaucoup plus ouvert bien qu'orthodoxe. Mais les instances sont largement verrouillées par les tenants de la régression. Idem au plus haut niveau de l'Eglise française. Il y a bien longtemps que les catholiques de gauche ont été purgés au profit d'un clergé fidèle à la vision anti-moderniste et antiféministe de Benoît XVI.

Quant au Conseil français du culte musulman, le bilan n'est guère plus glorieux. Légitimée grâce à sa participation au sein d'un conseil voulu par la République, l'UOIF continue d'agrandir ses mosquées à moitié vides dans l'espoir de peser sur le scrutin, fondé sur le nombre de mètres carrés des mosquées participant au vote. Or cette organisation prend ses avis religieux auprès du Conseil européen de la fatwa, une instance fondamentaliste qui autorise un mari à battre sa femme ou à lui interdire certaines fréquentations. La Mosquée de Paris et le Rassemblement des musulmans de France, plus proche du Maroc, se disputent la présidence Place Beauvau. Tandis que les plus intégristes noyautent les conseils régionaux du culte musulman, où se joue l'essentiel.

Car, jusqu'ici, les concessions les plus graves faites au particularisme religieux ne se font pas dans nos tribunaux mais dans nos communes. Comme à Asnières ou à Sarcelles, où des élus locaux pratiquent le clientélisme au point d'écouter les religieux les plus organisés - souvent les plus intégristes -, au détriment de la majorité silencieuse et de la laïcité.

Il faut non seulement dresser une frontière infranchissable entre les tribunaux communautaires religieux et ceux de la République, mais aussi entre nos élus et ceux qui dynamitent les valeurs de la République. Cette frontière s'appelle la laïcité à la française. Et notre président devrait avoir à cœur de l'incarner au lieu de l'affaiblir.

Caroline Fourest

9 juin 2008

Convention sur l'Europe

"L'Europe, ce n'est pas d'abord un marché, c'est la défense de valeurs et d'un projet de société, la nature de ce projet est sociale"

"La vocation des institutions européennes n'est pas de défendre la concurrence, et encore la concurrence, et exclusivement la concurrence",

François Bayrou a lancé, dimanche 8 juin, un appel pressant pour un "projet social européen". Devant un millier d'adhérents du Mouvement démocrate (MoDem) réunis à la Maison de la chimie, à Paris, pour une convention sur l'Europe, il a donné le coup d'envoi de sa campagne pour les élections européennes de juin 2009.

Référendum local

A l'initiative de François Delbosc, le MoDem invite les Romainvillois à se mobiliser pour demander à la Municipalité l'organisation d'un référendum local sur le projet de collecte pneumatique des ordures ménagères.

Qu’est-ce qu’un référendum décisionnel local ?

Il s’agit d’un référendum décidé par l’assemblée délibérante d’une collectivité territoriale (ex : conseils municipaux, généraux ou régionaux) afin de soumettre à la décision de ses électeurs un projet de texte (acte ou délibération) relevant de ses compétences.

Le référendum décisionnel local a été créé par la révision constitutionnelle du 28 mars 2003. Ses modalités ont été précisées par la loi organique du 1er août 2003.

Jusque-là, seules les communes pouvaient organiser un « référendum local », c’est-à-dire un vote sur un sujet d’intérêt communal. Mais, celui-ci n’était que consultatif, le conseil municipal n’étant pas tenu par le résultat du vote. Aujourd’hui, toutes les collectivités territoriales, y compris celles à statut particulier et d’outre-mer, peuvent organiser des référendums locaux et ceux-ci ont valeur de décision.

Seuls les électeurs de la collectivité concernée peuvent participer au vote et non ses habitants. Les ressortissants des États membres de l’Union peuvent seulement participer aux référendums organisés par les communes.

Le projet de texte soumis au référendum est adopté :

  • si au moins la moitié des électeurs inscrits ont participé au vote ;
  • et s’il réunit la majorité des voix.

Collecte pneumatique des ordures ménagères


Le budget communal prévoit pour les 3 ans à venir un investissement de 7 millions d' € pour implanter la collecte de ordures ménagères par un réseau pneumatique.

Il s'agit d'un réseau enterré de tuyaux de 60 à 80cm de diamètre relié à une centrale d'aspiration. Ce système est alimenté par des bornes situées sur la voirie.

Cette enveloppe est destinée à l'équipement des cités HLM de Cachin, Oradour et Amitié voire le FIAC soit environ 20% du parc de logement de la ville.

Je me suis déjà exprimé à plusieurs reprises pour condamner ce système mais je souhaite exposer à nouveau mes arguments.

1) Il s'agit d'une régression du service public : En effet alors qu'aujourd'hui les déchets sont collectés devant chez vous, il faudra demain les porter à la borne dans la rue.

2) Ce principe va figer le système de collecte pour les 50 ans à venir tant en dimension qu'en terme de tri.
Je m'explique : Pour fonctionner pendant la durée de vie totale (50 ans selon SUEZ) le réseau devra être dimensionné pour les conditions qui existeront dans 50 ans.
Mais qui peut vraiment prévoir les besoins dans 50 ans ?
De plus aujourd'hui nous fonctionnons avec 3 types de déchets : emballage, verre et autres.
En Allemagne, selon les lieux, on trie 7 voire 9 matériaux différents.
Si par exemple on nous demande dans les prochaines années de séparer les métaux, le carton, les putrescibles faudra t-il rouvrir les rues pour installer des conduits supplémentaires ?

3) Le système est censé supprimer les camions poubelles. Il est prévu que la centrale recevant les déchets se situera avenue de Verdun sur l'ex site NOKIA. Ensuite il faudra bien les acheminer vers les différents sites de traitement et ce par camion donc le nombre de camions sera exactement le même, la seule différence est qu'ils ne circuleront plus dans chaque rue de la ville.

4) Le système est soit disant écologique. Le peu de gasoil économisé par cette baisse de kilométrage effectué par les camions sera dépensé par le fonctionnement de l'aspiration et du compactage. Surtout, l'énergie consommée pour les travaux, la fabrication des éléments comme les kilomètres de tuyaux en inox est d'une autre ampleur. De plus les camions fonctionnent au gasoil, certains sont électriques, demain ils pourront fonctionner au méthane (issu de la fermentation de déchets) ou à autre chose que nous ignorons encore.

5) Le système est fragile. Il n'autorise pas la collecte du verre par exemple. Quel imbécile peut prétendre que personne n'introduira de gravats, de parpaings et pots de peinture, de batterie de voiture ou tout objet qui dégradera le réseau ? En cas d'arrêt pour réparation ou panne. voir Naples et mourir

6) Il est générateur de nuisances. L'aspiration des ordures s'effectuera deux fois par jour, ce qui signifie que chaque borne devra stocker les ordures entre deux aspirations. Nous aurons donc à travers la ville sur les trottoirs des containers remplis de déchets. Il y a 50 ans on nous présentait l'installation de vide-ordures dans les cuisines comme le dernier cri en matière d'hygiène et de confort. Quelques années plus tard ils furent condamnés.

7) Le procédé est inadapté à notre ville : le promoteur (SUEZ) lui même le préconise dans le cas de villes nouvelles à forte densité ou pour les lieux touristiques.

8) Le coût est exorbitant : 7 millions d' € (et encore sans compter les frais de fonctionnement) pour moins de 2000 logements soit plus de 3 500€ par appartement c'est énorme ! Surtout pour un truc aussi inutile.
Si la commune souhaite investir tant d'argent pour améliorer le confort des locataires de logements sociaux il y a bien d'autres choses à faire. Par exemple on peut changer les chaudières à gaz par des chaudières à condensation : économie 30% sur la facture de gaz autant en terme de CO2. Autre exemple, on peut installer des systèmes de récupération des eaux de pluie, mieux isoler les logements... toutes mesures permettant de diminuer les charges locatives.

Quoiqu'il en soit, à l'heure ou le gouvernement propose une procédure permettant le référendum d'initiative populaire, il me semble qu'un projet d'une aussi grande envergure et qui risque d'avoir de telles répercutions sur la vie des habitants ne peut échapper à la consultation des habitants.

C'est pourquoi je demande qu'un référendum soit organisé.

François DELBOSC

4 juin 2008

Un Munich pédagogique, par Antoine Prost


LE MONDE | 28.05.08 |

Une catastrophe est en marche, plus grave que les nouveaux programmes de l'école primaire ou les suppressions de postes qu'on dénonce dans la presse ou dans la rue. Il sera facile, en effet, de revenir sur ces mesures.

La suppression de deux heures de classe dans l'enseignement primaire et la semaine de quatre jours risquent au contraire d'être irréversibles. Et personne ne dit rien ou presque. Le forfait s'accomplit dans l'indifférence générale. Munich s'était accompagné d'un "lâche soulagement". Ce lâche consentement, lui aussi, annonce une débâcle.

Les comparaisons internationales nous montrent en mauvaise position et 10 % à 15 % des élèves qui entrent en 6e sont incapables de suivre. Et qu'est-ce qu'on fait ? On réduit la durée de l'enseignement ! A qui fera-t-on croire qu'il est possible d'apprendre mieux et plus en travaillant moins ? Même le ministre n'a pas osé dire du bien de cette mesure que lui a imposée - dit-on - un président qui n'a décidément pas besoin de réfléchir pour décider.

M. Darcos s'est borné à dire que nous restions "bien au-dessus de la moyenne des pays qui obtiennent les meilleures performances". Mais s'ils réussissent, c'est parce qu'ils répartissent les heures de classe dans toute la semaine. Vingt-quatre heures sur six jours sont beaucoup plus efficaces que sur quatre : tout le monde le sait. Du professeur Debré au docteur Hubert Montagner, les médecins ont répété que six heures de classe pour des enfants de moins de 8 ans, c'est trop pour être efficace.

Avec trente-six semaines de quatre jours, l'Ascension, le lundi de Pentecôte, le 1er et le 8 mai, le 11 novembre, cela fera moins de 140 jours de classe par an. Il y en a 210 au Japon, 200 en Italie et au Danemark, 188 en Finlande, 190 en Grande-Bretagne. Et l'on se plaint du niveau des petits Français ? Il n'y a qu'une chose vraiment importante en éducation : c'est le travail des élèves. Sur quel miracle, sur quelle potion magique, M. Darcos compte-t-il pour compenser les amputations qu'il décrète ?

Tout le monde le sait, mais personne ne dit rien. Où sont les défenseurs du niveau, si prompts à dénoncer toute innovation pédagogique ? La vague promesse d'un retour aux bonnes vieilles méthodes les rassure : elles ont fait leurs preuves, disent-ils. Mais à raison de trente heures par semaine, sans compter les heures supplémentaires prodiguées à la veille du certificat d'études. Croient-ils par hasard qu'elles seront aussi efficaces à raison de vingt-quatre heures ?

Avec un cinquième de temps en moins, il leur faudrait un an de plus. Et qu'on ne nous raconte pas qu'on va se concentrer sur les "fondamentaux", alors qu'on ajoute encore des matières. Et les parents d'élèves ? Ce sont les premiers intéressés. Trop contents de disposer du samedi matin, ils se sont bornés à des protestations de principe. Mais on pouvait leur donner cette matinée en prenant celle du mercredi ; un tribunal administratif vient de statuer que c'était compatible avec le catéchisme.

On pouvait aussi généraliser ce qui avait été accepté dans les départements qui avaient adopté la semaine de quatre jours : raccourcir un peu les vacances. Pas du tout : on supprime ces journées supplémentaires. Les princes qui nous gouvernent ne sont pas mesquins... La preuve ? Cette mesure ne rapporte rien au budget ; c'est pur cadeau.

Et les enseignants ? Rendons-leur cette justice : ils n'ont rien demandé. Les institutrices sont les premières inquiètes. Elles qui font travailler les élèves - car la classe n'est pas un cours -, elles mesurent mieux que quiconque l'impossibilité de faire plus avec moins et elles savent qu'on les rendra responsables, demain, des échecs de l'école. Mais comment refuser un cadeau pareil ? Et pourtant, cette mesure compromet, plus que bien d'autres qui provoquent des grèves, l'enseignement de haut niveau et la qualité du service public que les syndicats prétendent défendre.

Le résultat de ces lâchetés et de ces hypocrisies est connu d'avance : le nombre des élèves incapables de suivre en 6e va augmenter. Je dénie à quiconque ne proteste pas aujourd'hui de toutes ses forces contre cette mesure le droit d'ouvrir demain la bouche pour déplorer cet échec majeur.

Ceux qui se prétendent démocrates et défenseurs du service public et ne dénoncent pas aujourd'hui cette entreprise de déconstruction sont des menteurs. Les parents informés des classes moyennes et supérieures sauront compenser, par des recours divers et payants, mais fiscalement avantageux, les insuffisances organisées de l'école publique. Les milieux populaires, eux, feront les frais de cette amputation.

Il ne faut pas se payer de mots. J'attends qu'on m'explique comment des programmes plus copieux contribuent au resserrement sur les fondamentaux, et comment on apprend plus et mieux en travaillant moins.

Antoine Prost est historien de l'éducation.

Affaire de Lille : cette jurisprudence doit être stoppée

Quand un fait privé suscite l'émotion publique au point de pouvoir entraîner une renégociation du droit commun, mon premier réflexe est toujours journalistique : celui du sang froid. Mais dans cette affaire de Lille, une fois toutes les précisions apportées et les précautions prises, il y a bien de quoi être révolté.

Car si la justice française n'a pas annulé ce mariage pour "non-virginité", elle l'a fait pour "mensonge sur une qualité essentielle". Ce qui revient à considérer la virginité comme une "qualité essentielle".

Rachida Dati, notre garde des Sceaux, est effectivement dans son rôle quand elle rappelle que l'annulation d'un mariage permet aussi de protéger des femmes mariées sans leur consentement éclairé. Mais elle semble oublier que ce jugement-là n'a pas été obtenu à la demande de la mariée mais du marié... non pas pour "non-respect du consentement" mais pour "mensonge sur sa virginité".

En vertu de quoi, il ne tranche pas dans le sens de la libération (même si on peut se réjouir de voir cette femme libérée d'un tel mari) mais dans le sens de l'humiliation. Voire de l'inégalité puisqu'une femme ne pourrait avoir la même exigence envers son époux. Il faut donc faire appel de ce jugement pour stopper toute jurisprudence allant dans un sens aussi régressif.

L'annulation d'un mariage ne devrait être réservée qu'à des motifs sérieux et sévères, comme le non-consentement (que ce soit à la demande du ministère public ou de l'épousée). Et non sur des critères moraux concédés à des conceptions archaïques, traditionnelles ou religieuses.

À une époque où le divorce n'est ni une honte ni si difficile à obtenir, les mariés qui s'engagent dans un mariage sans avoir pris le temps de bien se connaître (humainement et sexuellement) n'ont qu'à assumer ou à divorcer. Ce n'est pas aux tribunaux de la République d'annuler un choix qu'ils sont censés faire en connaissance de cause. Qu'ils s'agissent de chrétiens voulant faire annuler leur mariage en découvrant que leur conjoint a déjà été marié, de musulmans ou de chrétiens voulant faire annuler le mariage parce que la mariée n'était pas vierge ou de conjoints découvrant que leur partenaire est homosexuel, impuissant ou anciennement prostitué...

D'une façon plus générale encore, notre conception juridique du mariage doit être en phase avec son temps : en dehors des questions d'ascendance et d'âge, ni le sexe ni la stérilité d'une union ne doivent entraver la possibilité d'un mariage. Du moins si l'on considère le mariage comme un contrat d'amour et de consentement mutuel, et non comme une institution patriarcale destinée à sceller une alliance en vue de reproduire l'espèce. Ce qu'il est encore au regard de notre droit poussiéreux. Il est temps de le dépoussiérer.


Caroline Fourest

carolinefourest.canalblog.com