26 sept. 2008

Quand l'échec scolaire trouve refuge dans l'ennui et dans la peur

Pour mettre un terme à l'échec scolaire qui conduit chaque année 150.000 jeunes à quitter le système scolaire sans diplôme ni qualification, plusieurs associations se sont mobilisées mercredi en organisant une "première journée de refus de l'échec scolaire".

Pour cette première édition - l'opération est appelée à se renouveler - le thème choisi est le lien "familles-école". "Nous voulons favoriser la place de la famille dans le système, car c'est l'une des clés de la réussite scolaire. Les familles doivent devenir partenaire de l'école", explique Christophe Paris, président de l'Afev (Association de la fondation étudiante pour la ville) à l'initiative de cette journée avec ATD Quart-Monde, agence de lutte contre l'illettrisme et Curiosphère, une Web-télé éducative.

Si le ministre de l'Éducation nationale Xavier Darcos a fait de la lutte contre l'échec scolaire une de ses priorités, les réformes engagées - retour aux fondamentaux dans les programmes scolaires, soutien scolaire à l'école - sont-elles suffisantes face à l'ampleur du phénomène ? Le film Entre les murs , palme d'or au Festival de Cannes, qui suscite ces jours-ci une polémique dans les rangs des professeurs, illustre le décalage qui peut exister entre enseignants et enseignés, entre ce que les élèves vivent et les attentes de l'institution scolaire.

"L'échec scolaire n'est pas une fatalité", rabâche Christophe Paris qui, pour interpeller les pouvoirs publics, publie une enquête menée auprès de 700 élèves du CP à la 3e en difficultés scolaires et recevant du soutien bénévole. Tous ont été interrogés sur leur rapport à l'école. Voici un florilège de leur réponse.

L'ennui : Un tiers des élèves interrogés disent qu'ils s'ennuient souvent, voire tout le temps à l'école.

" Mal au ventre " : Plus d'un tiers des élèves déclarent avoir "parfois mal au ventre avant d'aller à l'école ou au collège". Pour 35 % d'entre eux, ces maux de ventre sont dus principalement à la peur, au stress ou encore à l'absence d'envie d'aller à l'école.

Compréhension : Seulement 15 % des élèves disent comprendre toujours ce qu'on leur demande de faire. 63 % déclarent ne pas comprendre "certaines fois" ; 22 % affirment : "Souvent, je ne comprends pas."

Participation : Près de 30 % des élèves interrogés "ne lèvent jamais ou pas très souvent le doigt en classe". Parmi eux, 56 % expliquent cette absence de participation par la peur de se tromper ou la méconnaissance des réponses.

Fautes d'orthographe : 26 % déclarent faire beaucoup de fautes d'orthographe (plus de 10 fautes pour un texte court) et 41 % un peu (moins de 10 fautes). Parmi ceux qui maîtrisent peu ou mal l'orthographe et la grammaire (plus de 10 fautes), 33 % sont au collège contre 15 % à l'école.

Dictionnaire : Seulement 12 % des élèves interrogés utilisent un dictionnaire lorsqu'ils ne comprennent pas le sens d'un mot. 48 % demandent à leur maître ou professeur, 20 % sollicitent leur voisin et les 20 % restants déclarent ne pas chercher à comprendre et continuent leur travail.

Lecture : Plus d'un tiers des élèves disent ne "jamais lire, ou rarement, un livre à la maison".

Activité : 75 % des élèves interrogés ne pratiquent pas une activité culturelle ou artistique en dehors de l'école. Un taux qui augmente à l'arrivée du collège pour atteindre 80 %.
Petit déjeuner : 42 % des élèves interrogés ne prennent pas ou rarement un petit déjeuner le matin avant la journée scolaire. 20 % des jeunes sondés disent se coucher après 22 heures.

Le Point

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