3 avr. 2008

De la laicité, encore et toujours


Lors de son discours d’investiture, dont nous prenons connaissance dans le N° spécial du Journal de Romainville distribué ces derniers jours dans les boites aux lettres, Madame le Maire proclame que la laïcité est « une exigence républicaine, née de notre histoire, celle d’un peuple de gauche » .

Historiquement, la laïcité s'est construite en France contre l'influence de l'Église catholique, le cléricalisme. Mais, ce combat a été partagé au-delà de ce que l’on peut nommer comme la gauche, c’était avant tout un combat républicain.

La laïcité, une valeur de gauche ou de droite ? Aujourd’hui, c'est de plus en plus compliqué.

la question fait conflit à gauche comme à droite. la laïcité transcende les clivages politiques traditionnels.

Rien d'étonnant à cela puisqu'elle est un principe de droit politique qui vise le peuple tout entier. Elle propose un ordre politique et sociétal de concorde, d'équilibre, d'égalité entre tous, quels que soient les options spirituelles ou les choix idéologiques de chacun".

La laïcité est le centre même de la démocratie française, disait François Bayrou. Elle est le patrimoine commun de principes et de convictions qui fait le ciment et l’essence de notre civilisation singulière, au-delà des religions et des histoires différentes.

Tous les partis sont aujourd'hui traversés par des courants contraires sur la question de la laïcité. Les uns à l’UMP voient d'un mauvais œil l'apologie du modèle anglo-saxon, de la discrimination positive, d'une gestion communautariste et religieuse des conflits, voire la complaisance à l'égard des sectes du Président de la République qui les appelle les « nouveaux mouvements spirituels ». Les autres au Parti Socialiste s'arrachent les cheveux à écouter les discours ponctués d’ « ordre juste » (une expression empruntée à Benoit XVI), de morale de Ségolène Royal, et désespèrent de voir le peu de cas que celle-ci a fait de la laïcité dont elle donne d'ailleurs une définition des plus restrictives : "La vraie notion de la laïcité, ce n'est pas le refus des religions, mais le respect de toutes les religions et de ceux qui les pratiquent."

L‘accolade entre José Bové et Tariq Ramadan au Forum social européen 2003 a sonné symboliquement le début de l’alliance surprenante entre une partie de la gauche et des mouvements islamistes. Le « néo-laïque » apparu sous le label « laïcité ouverte » est une figure tourmentée, authentiquement laïque lorsqu'il est confronté à un intégrisme de droite ou du Nord et étonnamment communautariste lorsqu'il est confronté à un totalitarisme du Sud. Toute l'extrême gauche française est traversée aujourd'hui par cette schizophrénie.

Une vraie fracture est née au sein même des partis entre une gauche antitotalitaire, attachée aux principes universalistes, aux droits de l'Homme, et une gauche tiers-mondiste, alter-mondialiste et adepte du relativisme culturel

Faisons de cette question primordiale, « cette antique et salutaire séparation de l'Église et de l'État, qui était la sagesse de nos pères », un combat républicain et affirmons avec Victor Hugo que nous voulons ensemble « l'État laïque, purement laïque, exclusivement laïque ».

1 commentaire:

modem-romainville@hotmail.fr a dit…

Nous publions ici l'intégralité d'un échange que nous avons eu avec un lecteur suite à cette article ... ceci avec retard, nous nous en excusons auprès de l'intéressé.




Quel rapport en Tariq Ramadan et les mouvements islamistes ?

Qu'est ce qu'un mouvement islamiste ?

Bien cordialement,

Farid L


Je réponds à votre commentaire adressé suite à un article publié sur notre blog.
J’appelle islamistes ceux qui voient en l’islam une idéologie politique, au sens moderne du terme idéologie. Autrement dit une théorie qui permet de comprendre la totalité du social sous le politique.
Ainsi, un mouvement islamiste est un groupe politique, au sens ou il se situe dans une optique d’exercice du pouvoir, et qui se réfère à l'Islam et prône l'application de la loi islamique, la charia dans la vie sociale des croyants.
Tariq Ramadan est un leader emblématique de cette mouvance. Il est fait référence, dans notre article, à une rencontre qui à l’époque avait provoqué beaucoup de réaction.
Tariq Ramadan se dit laïque, mais il définit la laïcité comme un espace neutre, devant accueillir toutes les confessions et tous les cultes. Ce ne peut-être celle de militant/es luttant pour une laïcité assumée en tant que valeur positive.
Je publierai notre échange avec votre accord,
cordialement,

Serge Bardin

J’appelle islamistes ceux qui voient en l’islam une idéologie politique, au sens moderne du terme idéologie. Autrement dit une théorie qui permet de comprendre la totalité du social sous le politique....." Donc partant de cette définition, comment faites vous le lien entre une partie de la Gauche, Tariq Ramadan et des mouvement islamistes qui n'existe pas en tant qu'entité (selon la définition que vous en faites) sur notre territoire. Je vous cite " ...L‘accolade entre José Bové et Tariq Ramadan au Forum social européen 2003 a sonné symboliquement le début de l’alliance surprenante entre une partie de la gauche et des mouvements islamistes...."

Quels éléments pouvez vous apporter pour étayer votre affirmation "...Tariq Ramadan est un leader emblématique de cette mouvance...."

"....Tariq Ramadan se dit laïque, mais il définit la laïcité comme un espace neutre, devant accueillir toutes les confessions et tous les cultes. Ce ne peut-être celle de militant/es luttant pour une laïcité assumée en tant que valeur positive....." Cela est votre opinion, vous pouvez aisément comprendre que tout le monde ne la partage pas, et surtout qu'entendez vous par "valeur positive" (1)? Je redoute tous les extrémismes qu'ils soient d'ordre religieux, politiques, même les laïcs ont les leurs. Ils ont tous un point commun, l'intolérance.

La laïcité est encadré dans notre pays par la loi, cette dernière s'est même vue renforcée récemment, et c'est tant mieux comme cela, les choses sont plus claires, donc à partir du moment où Tarik Ramadan, ou un autre, la respecte, il a le droit d'exprimer ses opinions sans pour autant subir les foudres des talibans de la laïcité qui bien souvent tombent assez rapidement dans la caricature.

Vous avez mon accord pour publier notre échange à partir du moment que vous le faites dans son intégralité (c'est à dire en démarrant avec le premier message), c'est même dommage que nous ne puissions pas le faire directement sur le blog, comme c'est le cas partout.

Bien Cordialement,

Farid LAKEL

(1) Laïcité Positive de N. Sarkozy " ....C'est pourquoi j'appelle de mes vœux l'avènement d'une laïcité positive, c'est-à-dire une laïcité qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout. Il ne s'agit pas de modifier les grands équilibres de la loi de 1905. Les Français ne le souhaitent pas et les religions ne le demandent pas. Il s'agit en revanche de rechercher le dialogue avec les grandes religions de France et d'avoir pour principe de faciliter la vie quotidienne des grands courants spirituels plutôt que de chercher à la leur compliquer...."


Bonjour,

Vous m'obligez à faire beaucoup d'étymologie dans nos échanges mais je crois à juste titre puisque les mots employés sont importants et que souvent les radicaux en politique savent en jouer mieux que d'autres;

Je n'ai pas dit que les relations, les connivences ou les rapprochements idéologiques entre l'extrême gauche ou les alter mondialistes et les islamistes avaient donné lieu à une formalisation quelconque de cette alliance. Il s'agit d'idéologie ou de corpus idéologique.

Tarik Ramadan est un leader emblématique ... c'est sans doute un pléonasme Il est un meneur intellectuel de cette mouvance, je le pense. Il n'est sans doute pas le seul mais peut être est il le plus emblématique en ce sens ... une fois de plus, je le cite dans cette article au sujet de cette accolade avec José Bové.

Je ne partage pas l'opinion qui consiste à dire que la laïcité est une contrainte à l'exercice des religions c'est en ce sens que j'affirme que c'est une valeur positive ce qui n'est pas la même chose que de parler comme Sarkozy de laïcité positive.

La laïcité, c'est la séparation des églises et de l'État, voila tout !

Je suis catholique pratiquant et laïque convaincu mais j'ai pour exigence avec moi même d'être toujours loin de toute caricature.

je vais faire en sorte de publier nos échanges sur le blog. je ne filtre les commentaires que pour éviter tout débordements.

Bien cordialement,

Serge Bardin