21 oct. 2008

Le 93, une "économie casino"

La Seine-Saint-Denis toujours dans le rouge



Le "9-3" cumule les handicaps : le département est régulièrement stigmatisé comme l'épicentre des violences urbaines de la région et l'INSEE le signalait, en 2007, comme l'un des départements marqué par un des plus "fort taux de pauvreté" du pays.

Environ un enfant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté. Pour parachever le tableau, l'économie du 93 serait "assise sur un baril de poudre financier", estime Claude Bartolone, président socialiste du conseil général depuis mars.

Durant ses six premiers mois de mandature, le nouvel élu a fait auditer la santé financière de son département, le résultat ne l'a pas laissé sans voix : municipalités et département seraient victimes d'une "économie casino" mise en place au début du millénaire par la banque Dexia, bailleur de fonds des collectivités territoriales.

"La Seine-Saint-Denis est endettée pour un montant de 808 millions d'euros. Un montant raisonnable, dit Claude Bartolone. Mais en 2009, 98% de ces emprunts contractés par les précédents exécutifs seront à taux variable." Les sommes que le département aura à débourser se situent dans une fourchette particulièrement large. Les surprises en cas de crise… seront sérieusement douloureuses pour les caisses du département. "Nous avons projeté les scénarios du pire et du meilleur pour les trois années à venir, poursuit l'élu de Pantin. En 2009, nous aurons au minimum 21 millions d'euros à rembourser au pire 25 millions. En 2010 et 2011, le montant minimum reste stable, mais il pourrait grimper à 39 millions en 2011." Hervé Bramy, président communiste du conseil général de 2004 à 2008 se défend des accusations de mauvaise gestion. Il dénonce, pour sa part, la pression exercée par la banque sur les élus. "Lorsque vous vous asseiyez autour d'une table avec Dexia pour trouver un financement, ils ne vous laissaient pas énormément de choix parmi leurs produits avantageux", souligne-t-il.

"Il y a 6 ans, les collectivités locales avaient des recettes dynamiques et donc moins besoin de faire appel à l'emprunt", corrobore Claude Bartolone, en ajoutant : "Dexia, qui était à la recherche de nouveaux marchés, démarchait les communes. La banque proposait des rachats de prêt à taux fixe à 5 % avec des prêts à taux variable à 4%. Beaucoup n'ont pas résisté à la drogue douce d'économies potentiellement facile." La faute revient à la direction du budget et la direction des collectivités locales (DGCL) qui ont "laissé croire que les produits proposés par Dexia étaient acceptables", accuse le président de département.

"Il ne faut pas se tromper de cible, soutient Hervé Bramy. Le problème de fond, c'est la décentralisation." Il est indéniable que l'élaboration du budget 2009 s'annonce particulièrement périlleuse pour nombre de régions, départements, communes et structures intercommunales. Ces collectivités sont tenues, contrairement à l'Etat, de voter un budget à l'équilibre. Côté recettes, l'Etat se montre, d'année en année, de plus en plus chiche. Côté dépenses, les transferts de charges de l'Etat s'accroissent. A l'exception de quelques villes opulentes, absente en Seine-Saint-Denis, l'argent manque partout. Et la crise financière aggrave la situation.

Le Monde


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