11 oct. 2010

Le chômage explose malgré l’arrivée des entreprises

A lire dans le Parisien

" ... Le paradoxe s’est encore accentué ces derniers mois, suivant la courbe du chômage. La Seine-Saint-Denis a beau séduire les entreprises — comme l’opérateur télécoms SFR qui vient d’annoncer son arrivée prochaine avec plus de 8000 salariés —, elle compte aussi de plus en plus de chômeurs. Fin août, on dénombrait ainsi 114880 chercheurs d’emploi, dont 85550 n’ayant pas du tout travaillé depuis un mois.

« On sent un vrai dynamisme, le 93 a gagné 30000 emplois supplémentaires depuis 2004. Mais cela ne profite que très peu aux habitants, c’est évident », analyse-t-on du côté de la Direction régionale des entreprises et de l’emploi. Logique, car les grosses entreprises (conseil, assurances, activité financière) ont débarqué avec leurs propres cadres et employés. Dans le même temps, le secteur industriel a perdu 10000 emplois. Alors, même si l’arrivée de sociétés nouvelles a permis l’essor des activités de gardiennage et de nettoyage, avec un recrutement local, le compte n’y est pas. Entre août 2009 et août 2010, le nombre de chômeurs a progressé de 8%. Le département est désormais de loin le plus touché d’Ile-de-France, avec un taux de chômage de 11% (contre une moyenne régionale de 8%).

Aucune ville n’est épargnée : le nombre de demandeurs d’emploi a progressé dans les quarante communes du département (voir tableau). Saint-Denis, terre de sièges sociaux et d’immeubles étincelants, compte le plus grand nombre de chômeurs, près de 7 000, devant Montreuil et Aubervilliers. On a souvent expliqué ce décalage par une inadéquation de l’offre et de la demande : un public sans diplôme ni qualification, face à des entreprises très exigeantes dans leur recrutement. Mais les jeunes diplômés sont de plus en plus nombreux à pointer au chômage : + 18% en un an pour les détenteurs d’un bac + 2, et + 10% pour les bac + 3 ou 4."

A Romainville, le nombre de demandeurs d'emplois (catégorie1) en juin 2010 atteint 1 456 personnes soit une augmentation de 21.54 % par rapport à juin 2009 - une des hausses les plus importantes du département !

4 commentaires:

Jean-Luc a dit…

Merci de relayer cet article très important du Parisien. Grâce à ce tableau commenté de l'évolution du taux de chômage dans les quarante villes du département en un an, beaucoup de choses sont dites sur la réalité de la crise économique actuelle et sur la réalité du monde du travail ( notamment la désindustrialisation du département et l'essor délirant - et suicidaire - du secteur tertiaire ).
Peut-être que Le Parisien édition de Seine-Saint-Denis ( qui est notre quotidien régional ) pourrait mettre en place un indicateur mensuel, ville par ville, du nombre exact ( et non pas du pourcentage ) d'emplois et d'entreprises créés ou perdus. Seul un outil de ce type serait parlant, et efficace, pour saisir la réalité de l'emploi chez nous ...et pour permettre aux décideurs politiques ( rêvons un peu ) de prendre le problème par le bon bout !

Jean-Luc a dit…

A propos de "prendre le problème de l'emploi par le bon bout", un autre article a retenu mon attention dans le Parisien d'aujourd'hui. Le journal se fait l'écho de l'opposition d'un groupe de citoyens à l'implantation ( ajournée grâce à eux ) d'un "Center Parcs" sur la commune de Chambarans, en Seine et Marne. Très fâché de cette opposition au projet, le maire défend l'arrivée de cette usine à loisirs au nom de la création de 700 emplois... Des emplois ! Des emplois ! C'est le hoquet qui prend de nombreux élus dès qu'une multinationale vient pondre chez eux. Peu importe le prix à payer.
Pour le projet "Center Parcs" de Chambarans, certains opposants ont fait les comptes pourtant. Ils ont calculé le montant des subventions publiques ( communales, départementales et régionales ) qui seront nécessaire à l'installation de ce camp de loisirs, et ils ont divisé ce chiffre par 700 ( le divin nombre d'emplois créés )... Si j'ai bien lu, chaque emploi coûtera 240.000 euros d'argent public ( sans compter le paysage détruit à jamais ) ! Prenons un salaire moyen de 1500 euros mensuel ; pour permettre à une entreprise privée de faire des jolis bénéfices, les contribuables vont donc donner de quoi payer 700 personnes pendant 7 ans, charges comprises !
Et dans 7 ans, il est possible que "Center Parcs" plie boutique, fortune faite, ou parce que le "concept" sera usé. Les dirigeants du groupe ne se font pas de soucis ; il leur suffira le moment venu de monter une autre embrouille, pour aller pêcher des subventions publiques dans une autre région.
Bravo la politique de l'emploi !

Jean-Luc a dit…

Quand je lis l'histoire du "Center Parcs" de Chambarans, une autre idée me vient. Laissons tranquille les 92 ha de terre agricole et de forêt que le groupe "Center Parcs" veut s'approprier ( un autre projet "Pierre et Vacances" va en bouffer 530 ha un peu plus loin ; la Seine et Marne disparaît peu à peu sous le béton et le bitume ). Laissons dans les nappes phréatiques qui meurent les 1200 m3 d'eau que le "Center Parcs" pompera quotidiennement. Laissons mourir ce tourisme de masse, ce nouvel opium.
A la place, observons la réalité de l'emploi dans la région ;
Une PME, un artisan, un commerçant, une petite commune, n'ont pas les moyens d'embaucher, ou de conserver un emploi ? Evaluons l'intérêt économique local qu'il y a créer ou maintenir cet emploi ...et subventionnons directement cet emploi.
L'idée est stupide ? Pas plus que l'autre : à Chambarans, des élus sont prêts à "donner" à une seule entreprise privée le salaire de 700 personnes pendant 7 ans ; ils pourraient offrir, pour le même prix et le même délais, un employé "gratuit" à 700 artisans, commerçants ou petites entreprises.
L'argent public serait alors dépensé de façon utile car, selon les principes de l'économie réelle ( et non plus financière ), chaque employé irrigue ensuite l'économie locale par les dépenses qu'il fait grâce à son salaire. A l'inverse, l'argent ponctionné par les multinationales ne revient jamais, lui, dans la vraie vie.

Mais est-ce que l'économie réelle intéresse encore beaucoup d'élus ?

Jean-Luc a dit…

Dans l'article du Parisien que vous citez, la crise économique est dite.

En 1988, j'avais été surpris de voir apparaître le nouveau slogan des supermarchés Carrefour : " Avec Carrefour, je positive". ..."Positiver"... je ne donnais pas un an de survie à ce néologisme balourd inventé par un quelconque "communicant". Pourtant, ceux qui se trouvent aux commandes du système aujourd'hui devraient penser à élever une statue au "publicitaire inconnu" auquel on doit cette géniale fulgurance. En effet, vingt ans plus tard, "positiver" est un des verbes de la novlangue les plus utilisés quotidiennement, et je comprends pourquoi : aucune mauvaise nouvelle ne doit entraver la marche triomphale de notre système économique délirant. Le slogan de Carrefour est devenu une injonction du temps : il faut en toutes occasions po-si-ti-ver. C'est ainsi que depuis un an environ nous pouvons lire, dans la bouche des dirigeants de tous les secteurs économiques que "la crise est derrière nous". Ces dirigeants n'utilisent pas la méthode Coué, non, ils po-si-ti-vent.
Comme toujours, lorsque la réalité d'un fait est nié, il faut que d'une façon ou d'une autre il fasse retour. Dans le tableau du Parisien, en contradiction avec le mensonge pseudo-économique, c'est la crise économique qui fait retour.