18 mars 2010

Dépolitisation et abstention

La meilleure façon de se déresponsabiliser en politique reste d'accuser le peuple d'indifférence, d'abstention civique.

52 % des électeurs potentiels ne sont pas allés voter et ce serait donc de leur faute à ces ignares égoïstes, préférant la pêche à la ligne, la promenade dans les calanques ou la partie de boules. Trop simpliste, non ?!

Et si l'abstention disait autre chose que du je-m'en-fichisme civique dont on l'accuse. Et s'il s'agissait d'une réelle exaspération face à la dépolitisation... des politiques ?

Quant au vote FN, il procède toujours d'un réflexe identitaire de rejet. Il met en charpie une démarche à la Besson de dragage des électeurs de la peur, de l'hétérophobie (la peur de l'autre), de la peur des minarets, des "basanés", de tout ce qui ne ressemble pas au « corps traditionnel français », dernière expression honteuse employée par Gérard Longuet. Le vote FN restera sans effet, mais il indique la profonde fragmentation sociale du pays, le rejet d'une politique communicationnelle. Comment ne pas comprendre le vote d'un électeur FN habitant un quartier sensible où les zones de non-droit s'étendent, où la petite délinquance continue son "train-d'enfer" alors que l'UMP, d'un seul bloc, assure que tout va mieux et que ses résultats en la matière relèvent de l'exploit ? Le vote FN est toujours un vote boomerang. Quand un électeur se sent abusé, il reste à la maison ou il vote FN !


Il ne faut pas se tromper d'analyse : l'abstention, ce n'est pas le peuple qui la crée, c'est l'absence de désir politique.


Stéphane MENU,

Lettre d’information de la politique de la ville

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