19 mars 2010

Site pollué - les voisins savaient, la Mairie savait et ... le site était ouvert à tous les vents


Le dramatique accident qui s’est produit mercredi après-midi dans un entrepôt inutilisé de Romainville a mis au jour une véritable décharge de produits chimiques. Appelés rue des Oseraies pour secourir un homme de 34 ans qui s’est électrocuté au contact d’un transformateur, les pompiers ont trouvé avec stupéfaction de nombreux fûts de substances toxiques.

Une enquête doit maintenant déterminer les circonstances dans lesquelles ce jeune homme a été grièvement brûlé et se trouvait toujours entre la vie et la mort hier soir. Le parquet de Bobigny a aussi missionné le commissariat des Lilas pour établir la chaîne des responsabilités dans la dangerosité de ce site, propriété de Ceres Technologies, un fabriquant de peintures.

Après le drame mercredi, des représentants de la mairie et de la police ont rejoint les pompiers sur place. « On a trouvé des bidons entassés, certains vides et d’autres à moitié, raconte l’un d’eux. Ils portent le pictogramme des produits dangereux avec la tête de mort. Il y a aussi des bassins de décantation pleins d’un liquide bleu… »

Si les autorités savaient que le terrain était pollué, elles n’avaient pas connaissance de la présence de ce stock dans l’entrepôt déserté depuis 2007. « Ce site est inscrit au service des installations classées, il avait d’ailleurs fait l’objet d’une réunion en préfecture car son propriétaire considérait qu’on lui mettait des bâtons dans les roues pour la vente, souligne la maire Corinne Valls. Mais on ne savait pas qu’il y avait encore des produits sur place. » Alors que le propriétaire est tenu de dépolluer les lieux, il ne semble pas avoir répondu à ses obligations. Le site était pourtant « connu et suivi par le service des installations classées », confirme la préfecture qui ne souhaite pas en dire davantage et se retranche derrière « l’enquête en cours ».

Une longue série d’interrogations se pose désormais aux enquêteurs : qui savait que des produits toxiques étaient abandonnés sur place? La dépollution était-elle entamée? Pourquoi les lieux n’étaient pas sécurisés comme ils auraient dû l’être? Des voisins affirment ainsi que « n’importe qui peut y entrer facilement, il manque notamment des briques sur un mur. J’y ai déjà vu des enfants. » Mercredi, après le drame, la mairie a soudé les portes pour empêcher toute intrusion.

Le transformateur, mis à la disposition de l’entreprise par ERDF, et toujours sous tension, pose aussi question. « Le contrat était résilié mais le propriétaire n’a pas demandé son débranchement, précise ERDF. Dans ce cas, le compteur reste alimenté pour le successeur. » Reste à savoir si la victime a forcé la porte du transformateur où s’il était ouvert.

Le dirigeant de l’entreprise, désormais basée en Seine-et-Marne, rétorque, lui, que « tout a été résilié quand l’usine a déménagé en 2007 et ne savait pas qu’il restait du 15000 V. » Quant à la pollution, il assure que « tout est répertorié et tout le monde est parfaitement au courant des produits qui se trouvent à Romainville puisque le site est en cours de dépollution, et qu’un plan de retrait des produits est établi. » Il précise que sa propriété « était entièrement sécurisée » mais que la clôture avait subi des dégradations. « La société est en redressement judiciaire et ne peut pas faire gardienner le site jour et nuit », conclut-il.

Le Parisien

19 mars 2010

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