Nous publions cet article de M. Stéphane Weisselberg, conseiller municipal, car nous souscrivons entièrement à son propos aussi bien quant aux interrogations et aux inquiétudes que suscitent cette séparation que sur le jugement fait de l'homme et du directeur de l'administration communale.
C'est aussi le récit d'une pratique municipale que nous souhaitons dénoncer à l'occasion de cette campagne électorale.
Administration romainvilloise : que s'est-il passé ?
On aurait tord de passer sous silence et de minimiser la précision qu'apporta le maire en début de séance du conseil municipal. Car la portée de cette information est d'importance. C. Valls a en effet annoncé qu'elle avait décidé de se séparer officiellement de son directeur général des services envers qui elle a affirmé n'avoir plus confiance. Elle ajouta, ce faisant, qu'elle assumerait dorénavant les responsabilités qu'elle lui avait déléguées. Au delà d'une part nécessaire de transparence sur les raisons effectives du départ de M. Bellegarde, il serait inconséquent de ne pas avoir une analyse politique de cette décision.
Le désormais ex- directeur général des services de Romainville était en fonction depuis 1999 ou 2000, c'est dire s'il connaissait parfaitement tous les rouages administratifs, les choix politiques arrêtés par le maire et leur mise en oeuvre. Il a bénéficié jusqu'à présent d'une confiance absolue et d'une forme d'« immunité » de C. Valls, malgré les reproches et les inquiétudes exprimées avec insistance « par de nombreux élu(e)s et cadres territoriaux, y compris par écrit. Les relations que j'entretenais avec lui étaient orageuses, tendues et complexes. Les différents portaient sur la conduite des dossiers, sur les tentatives récurrentes de ce que j'estimais être à l'époque du sabotage d'initiatives, sur l'attitude inqualifiable qu'il adoptait parfois vis à vis d'agents communaux, sur l'incrédulité permanente vis à vis de la démocratie participative et plus profondément sur sa propension à se substituer aux politiques.
Nos échanges étaient parsemés régulièrement de courriers accusateurs et même rageurs (de ma part, il faut bien le reconnaître) dont certains envoyés en recommandé avec accusé de réception pour leur donner un caractère solennel et procédural, et de réponses non moins tranchées sur ce qu'étaient les responsabilités de chacun. Je devrai donc être profondément satisfait et soulagé de le voir écarté de l'administration Romainvilloise et du rôle politique qu'il y jouait, tant j'ai demandé ce départ depuis de nombreuses années. Pourtant ce n'est pas le sentiment qui me traverse. D'abord parce qu'on ne tire pas sur une ambulance. Ensuite, parce que la rancune n'a jamais rien apporté de constructif. Enfin, malgré des divergences essentielles sur le plan politique et sur la question des ressources humaines, je crois que je lui reconnaissais une honnêteté intellectuelle dans ses partis pris, une probité dans sa fonction et une intelligence de raisonnement.
Alors, ce qui me questionne a plus trait aux raisons qui ont conduit à cette éviction.
Comment un homme qui a consacré tout son temps, son énergie, sa passion, qui a joué les rôles de chef de l'administration, de « membre de cabinet », de « conseiller politique principal », de militant quotidien de la cause du maire, qui a traversé 4 majorités différentes en un tout petit peu plus d'un mandat, qui a été par sa position et son comportement un "bouclier" stratégique, peut-il être remercié après 8 ans de très loyaux services, dans ces termes ? Et cette expression qui pourrait revêtir un caractère de lieu commun, prend ici son sens premier.
C. Valls a-t-elle tout simplement agi comme elle l'a fait pour 17 de ses précédents colistiers : après une utilisation intensive, elle a décidé de s'en débarrasser ?
M. Bellegarde a-t-il commis une faute professionnelle lourde de conséquences ?
Pourquoi le directeur des services techniques a-t-il été concerné en même temps par une décision similaire ? Quand on sait les chantiers ouverts sur toute la ville, il y a de quoi être inquiets !
La réorganisation administrative des services de la mairie sera-t-elle en mesure de faire face à tous les dossiers en route ?
Ou bien la proximité des prochaines élections municipales a-t-elle été l'occasion d'une négociation dans laquelle le départ de M. Bellegarde était exigé par certains des collaborateurs du maire ?
En tout état de cause, si tout cela n'est que spéculations, pourquoi C. Valls a-t-elle utilisé des mots aussi durs pour qualifier cette séparation ?
Rien ne l'y obligeait d'autant qu'en règle générale, cela se passe en bonne intelligence, c'est à dire dans la discrétion.
Malheureusement, il est probable que nous n'aurons pas de réponses à toutes ces questions, tant l'opacité est une règle d'or dans le fonctionnement de cette municipalité.
http://www.comite-citoyen.org
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